Le Nouveau Bauhaus européen : un nouveau souffle pour les financements européens
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Le Nouveau Bauhaus européen est une initiative transversale lancée par la Commission européenne début 2021, qui s’inscrit dans la lignée du Green Deal : c’en est l’une des transpositions les plus directes et les plus ambitieuses. L’initiative combine trois thèmes phares : la résilience, l’inclusion et l’esthétisme. Dotée de moyens conséquents, celle-ci a pour ambition d’implanter le fameux Pacte Vert dans le quotidien des citoyens, dans toute l’Union européenne. Dès lors, il s’agit d’analyser les objectifs de cette politique d’une part, ainsi que sa faisabilité d’autre part.
I. NEB : Un fonctionnement innovant pour des ambitions nouvelles
A. Un fonctionnement novateur, moteur du Pacte Vert
Le NEB est une petite révolution : son mode de financement rassemble des fonds issus, au total, d’une dizaine de programmes européens en accès direct (comme par exemple Horizon Europe, LIFE ou Europe Créative). Restée en préparation pendant de longs mois, l’initiative se découpe en trois phases : la consultation (phase préliminaire ayant eu lieu de janvier à juin 2021), la mise en œuvre (la phase de test, qui est en cours jusqu’à fin 2022), et la communication (soit la diffusion de l’initiative à une plus grande échelle, prévue pour 2022/2023).
Ce fonctionnement cherche à créer et renforcer une identité culturelle commune à l’ensemble de l’Union, le critère du design étant l’une des préoccupations majeures de la Commission dans la sélection des projets lauréats. C’est également une initiative qui se veut au plus proche des citoyens, puisqu’elle permet notamment la mise en place de consultations publiques et de prix destinés à des individus, à la différence d’une écrasante majorité des programmes européens. Enfin, ce niveau de proximité au citoyen doit lui permettre d’assister (à) la mise en place du Green Deal.
B. Un nouveau souffle pour les programmes existants : l’exemple d’Europe Créative
Grâce au New European Bauhaus, il est question de se projeter, de changer nos modes de vie, nos villes, en associant des professions issues de la recherche et de la production (ingénieurs, scientifiques…) avec d’autres, issues du monde artistique (architectes, designers…). Cette orientation prise par la Commission – après plusieurs mois de consultations, de définitions des programmes et des besoins – précise les ambitions de l’initiative, qui laissait toutes les options ouvertes quant à la portée de celle-ci.
Dès lors, il ne s’agit pas de rendre caduc le programme Europe Créative (qui répond aux problématiques culturelles de l’Union jusqu’à présent) mais bien de le renforcer en y ajoutant des possibilités de financement supplémentaires. De plus, il s’axe davantage sur la production d’œuvres audiovisuelles ou médiatiques qu’à l’architecture. En effet, le personnel – et des fonds – allouées à Europe Créative sont actuellement mobilisés principalement pour préserver les installations culturelles existantes suite à la crise du Covid-19, et bénéficieront fortement de ces nouveaux fonds.
Cependant, ces ambitions louables se heurtent à certaines difficultés qui remettent en question la capacité du NEB à être à la hauteur de ses ambitions.
II. New European Bauhaus : Une initiative ambitieuse aux aboutissements incertains
A. Une transversalité à haut risque
Bien que le fonctionnement du New European Bauhaus soit novateur et que les ambitions qu’il affiche soient importantes (par exemple en associant les citoyens à une échelle jusque là jamais atteinte par les institutions communautaires), celles-ci se heurtent à des limites inhérentes à leur conception.
D’abord, par sa transversalité. En délimitant davantage le cadre dans lequel s’exécute ce plan, il aurait été beaucoup plus facile d’y voir plus clair quant aux modalités précises de son application. Si certains appels à projets portent le label « New European Bauhaus » pour leur donner une orientation spécifique, ces derniers sont épars et peu en lien les uns avec les autres – du moins pour le moment. Cela dit, cet éclatement est un choix : celui de s’affranchir du cadre habituel des programmes de financement, peu modulables. Ce fonctionnement pourrait permettre d’atteindre plus facilement de publics nouveaux en ayant plus de souplesse, concrétisant par la même les ambitions du Green Deal. Néanmoins, le risque le plus important est, dès lors, l’affaiblissement de l’efficacité de son action.
B. Flous volontaires et incertitudes pour les participants
Cette première limite est la conséquence directe d’une deuxième : l’absence d’une enveloppe propre dédiée à l’initiative ; l’absence de cadrage juridique à son application. Impossible, à ce jour, de dire précisément quel montant sera affecté à quelle partie de l’initiative, en dépit de la publication de la liste des appels à projets se faisant de la même manière qu’Horizon Europe.
Un an et demi après son lancement, le NEB bat déjà de l’aile. Cela s’observe par exemple par la redéfinition de son champ d’action par rapport à ses ambitions initiales ou le manque de visibilité des financements. Cette première phase opérationnelle laisse deux inconnues. D’une part, comment sera-t-elle accueillie par les porteurs de projets ? D’autre part, quelle forme donner à sa suite ?
Pierre Thierrée